C’est la première fois que l’ancien président emploie le terme d' »abrogation » alors que, jusqu’à présent, il prônait une « réécriture » du texte sur l’ouverture du mariage et de l’adoption aux couples homosexuels.

[mise à jour, 13h42] Ajout des réactions.
Nicolas Sarkozy, candidat à la présidence de l’UMP, s’est finalement prononcé pour « l’abrogation » de la loi Taubira sur le mariage pour tous après avoir été chahuté pour avoir évoqué une simple « réécriture » de la loi, samedi à Paris, lors d’un meeting de l’association Sens commun.
Les trois candidats à la présidence de l’UMP – Bruno Le Maire, Hervé Mariton puis Nicolas Sarkozy – ont été invités à venir tour à tour exposer leur vision sur l’avenir de leur parti devant Sens commun, une association au sein de l’UMP née dans le sillage de la Manif pour tous.
La question a été posée à M. Sarkozy, comme elle l’avait été posée auparavant à MM. Le Maire et Mariton, de ce qu’il comptait faire de la loi Taubira.
« La loi Taubira devra être réécrite de fond en comble », a affirmé M. Sarkozy, devant environ 3.000 personnes, selon les organisateurs. A ce moment, il a été interrompu par de très nombreux participants qui
scandaient « Abrogation ! Abrogation ! » tandis que d’autres le huaient.
« Si vous préférez qu’on dise (qu’il faut) abroger la loi Taubira pour en faire une autre… En français, ça veut dire la même chose… Ça aboutit au même résultat. Mais enfin, si ça vous fait plaisir, franchement, ça coûte pas très cher », a fini par dire M. Sarkozy.
HÉTÉROS/HOMOS: SARKOZY POUR DEUX UNIONS DISTINCTES
« Ça ne sert à rien qu’on soit contre la GPA (gestation pour autrui) si on n’abroge pas la loi Taubira », a-t-il dit un peu plus tard, déclenchant alors dans la salle un tonnerre d’applaudissements.
L’ancien président, qui souhaite qu’il y ait deux unions distinctes célébrées en mairie – le mariage pour les hétérosexuels et un contrat pour les homosexuels – a également été très applaudi quand il a affirmé que « le droit à l’enfant (était) un folie. Il n’y a pas de droit à l’enfant, il y a désir d’enfant », a-t-il dit.
Même succès quand il a dénoncé les changements apportés par le gouvernement à la politique familiale, en faisant allusion à la fin de l’universalité des allocations familiales.
Il a proposé à Bruno Retailleau, patron des sénateurs UMP, présent au meeting, de présenter « une proposition de loi sur la politique familiale que nous voulons mettre en oeuvre » quand la droite reviendra au pouvoir.
Avant lui, à la tribune, Bruno Le Maire, qui s’est abstenu sur la loi Taubira, s’était fait huer pour avoir dit qu’il maintenait son opposition à une abrogation du texte. A l’inverse, Hervé Mariton a eu droit à un tonnerre d’applaudissements pour avoir lancé: « abrogation de la loi ». « Ce qu’une loi a fait, une loi peut le défaire », a-t-il déclaré.
LA LOI TAUBIRA «CHAQUE JOUR MIEUX COMPRISE» SELON FRANÇOIS HOLLANDE
La loi Taubira, a commenté le président François Hollande, est désormais « appliquée sans heurts, y compris par des maires qui à un moment avaient pu émettre un certain nombre de doutes ou d’interrogations ». « Elle est d’ailleurs chaque jour mieux comprise », a-t-il enchaîné, concédant toutefois que le débat pourrait être rouvert « s’il devait y avoir alternance » en 2017. « Mais aujourd’hui il n’est pas posé, il n’est plus posé », a poursuivi François Hollande.
« Alors qu’une majorité grandissante des Français veut le maintien de la loi Taubira et pense que les familles homoparentales sont des familles à part
entière, Nicolas Sarkozy ravive sciemment les divisions, en s’inspirant de doctrines nauséabondes d’un autre siècle », a pour sa part estimé Corinne Narassiguin, porte-parole du Parti socialiste
Selon un sondage Ifop publié samedi sur le site Atlantico, plus des deux tiers des Français (68%) sont favorables au mariage homosexuel et une majorité (53%) sont pour l’adoption d’enfants par des couples de même sexe, l’approbation de ces nouveaux droits progressant très nettement chez les sympathisants UMP.
Ces derniers sont désormais majoritaires (58% contre 33% en janvier 2013) à se dire en faveur du mariage gay. Et s’ils sont toujours minoritaires (38%) à soutenir l’adoption par des couples de même sexe, la progression est là aussi notable: ils étaient 18% en décembre 2012 et 22% début janvier 2013.
« Il faut relativiser cette déclaration, ce n’est qu’un effet d’annonce (…) Il n’y a jamais eu de retour en arrière sur une réforme de société », a réagi de son côté Amandine Miguel, porte-parole de l’Inter-LGBT, qui regroupe des associations de défense des droits des gays, lesbiennes, bi et trans’. « Nicolas Sarkozy est un menteur », « il sait qu’il ne pourra pas le faire » car « s’il le fait, il va créer de l’inégalité », a dénoncé Vincent Autin, uni lors du premier mariage homosexuel de France, le 29 mai 2013.
Plus surprenant, l’ex-ministre sarkozyste Christian Estrosi a tenu à rappeler samedi soir sa position: si elle retrouve le pouvoir en 2017, la droite ne doit pas revenir sur le mariage gay, qui est « une avancée ».
Avec AFP.
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